Monsieur le Bourgmestre, Madame l’Echevine,
Depuis mon arrivée au Conseil communal, j’ai pu constater que l’écriture inclusive était utilisée dans des documents officiels de la Ville. Ce choix – fort à la mode – me semble inopportun dans la mesure où en Belgique, on estime qu’un adulte sur dix éprouve des difficultés à lire et à écrire.
Modifier l’écriture dans l’objectif de la rendre plus inclusive, sans tenir compte des règles grammaticales ou orthographiques, complique l’accès à l’information pour les citoyens les plus fragilisés, en particulier dans leurs contacts avec notre administration.
A Charleroi, le niveau d’instruction est considéré comme faible : 47,4% de la population âgée de plus de 25 ans ne dispose que du diplôme de l’enseignement secondaire inférieur comme diplôme le plus élevé.
La langue est avant tout un outil de communication, et sa fonction première est à ce titre de faciliter les échanges.
Il y a-t-il une consigne / une circulaire obligeant l’écriture inclusive pour l’ensemble des services et des communications de la Ville ? Qu’en est-il au sein des écoles communales ? Est-ce que l’écriture inclusive est utilisée ? Est-ce qu’elle y est enseignée ?
Afin de faciliter l’accès à l’information pour les citoyens les plus fragilisés, ne serait-il pas plus opportun de supprimer l’écriture inclusive qui complexifie la langue française et handicape ainsi le public carolo ? Que proposez-vous pour aider les citoyens carolos analphabètes qui doivent être en contact avec l’administration et remplir des formalités administratives ?
Je vous remercie pour votre réponse.
Bien à vous,
Benjamin Buyle
Réponse de DERMINE Thomas, Bourgmestre ; PATTE Julie, Echevin ; AKTAS Ayse, Echevine
Monsieur le Conseiller communal,
L’utilisation de l’écriture inclusive dans les communications de la Ville s’inscrit dans une démarche plus large d’égalité et d’accessibilité. Depuis le 1er janvier 2022, la Ville applique les dispositions du décret adopté par la Fédération Wallonie-Bruxelles en matière de féminisation et de communication non discriminatoire, conformément à la note de service du 27 janvier 2022 « Égalité dans et par la communication ». Cette note encadre notamment :
- La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres,
- Le vocabulaire désignant des ensembles composés d’hommes et de femmes,
- L’accessibilité des offres d’emploi et des opportunités de formation.
Depuis dès 2023, sous l’impulsion de la référente en matière de genre, des sessions de sensibilisation et de formation à l’écriture et au langage inclusifs pour l’ensemble du personnel communal ont été lancées. Ces sessions visent à garantir une communication plus représentative et respectueuse de toutes et tous. Elles sont d’ailleurs régulièrement renouvelées.
Concernant l’enseignement communal, il n’existe aucune obligation ou recommandation imposant l’usage de l’écriture inclusive dans les cours. La Fédération Wallonie-Bruxelles veille à intégrer une dimension inclusive sans complexifier la lecture des supports pédagogiques, comme en témoigne le choix d’utiliser des termes neutres dans certains référentiels.
Par ailleurs, la Ville est consciente des enjeux d’accessibilité de l’information pour les citoyens les plus
fragilisés. C’est pourquoi :
- Trois établissements d’enseignement de promotion sociale proposent des cours d’alphabétisation,
- Cinq établissements offrent des formations en Français Langue Étrangère (FLE),
- Nos services travaillent à la mise en place de documents en Facile à Lire et à Comprendre (FALC) pour garantir une meilleure accessibilité aux démarches administratives.
Loin de constituer un obstacle, ces mesures visent à favoriser une communication plus inclusive et compréhensible pour l’ensemble des citoyens. Toute personne se sentant en difficulté avec un document est accueillie par ailleurs, par nos services, qui sont là pour leur apporter assistance.
Nous restons à votre disposition pour toute précision complémentaire.
Bien à vous,
Benjamin Buyle 