Lors du conseil communal du 17 mars 2025, j’ai posé deux questions à propos du Sporting de Charleroi. Retrouvez-les ci-dessous.
Crédit photo : Architectura – Mariotti & Associés
Etat des lieux concernant le nouveau stade de foot – Zebrarena
Monsieur le Bourgmestre,
La Zebrarena est un projet important censé redorer le blason de notre ville.
Ce projet ne plaît pas forcément à tout le monde ; je pense particulièrement aux débits de boissons proches du stade du Pays de Charleroi. Une marche arrière ne semble pas à l’ordre du jour.
Pouvez-vous nous faire un état des lieux complet de ce projet ? Quand pensez-vous qu’il sera finalisé ?
Où en sont vos travaux en matière de mobilité pour permettre aux supporters d’arriver (et de revenir) en centre-ville après le match (horaire, ligne de métro, train, etc.) ? Qu’avez-vous prévu ?
Quels sont vos projets pour le futur « ancien » stade du Pays de Charleroi ?
Je vous remercie pour vos réponses.
Bien à vous,
Benjamin Buyle
Réponse de DERMINE Thomas, Bourgmestre
Monsieur le Conseiller, merci pour votre question.
Le projet de la Zebrarena s’inscrit dans une dynamique plus large de réaménagement du territoire carolorégien, notamment à travers le masterplan « Charleroi Sambre Ouest ». Ce dernier définit les grandes orientations d’aménagement pour les secteurs de Marchienne-au-Pont et Monceau-sur-Sambre, en conciliant préservation paysagère, renforcement de la trame urbaine, équipements collectifs, mobilité adaptée et développement économique.
Le site des AMS Nord a été identifié comme le lieu idéal pour accueillir la Zebrarena. Ce site bénéficie d’une excellente connexion aux infrastructures de transport (réseau autoroutier, ferroviaire et fluvial) et fait partie des sites d’activités économiques désaffectés à traiter en priorité depuis 2006 par la Région wallonne au travers de la SPAQuE.
L’enceinte multifonctionnelle sera entièrement financée par des investisseurs privés et représente un budget estimé à environ 70 millions d’euros. Elle pourra accueillir des
spectacles, concerts et événements sportifs, dont évidemment les matchs du Royal Charleroi Sporting Club (RCSC).
D’une capacité de 26 000 places en configuration concert, elle sera couverte et
opérationnelle 365 jours par an. Le projet se veut exemplaire sur le plan énergétique et environnemental et exclut l’implantation de centres commerciaux ou business centers.
Le projet a franchi plusieurs étapes clés. Le 20 juillet 2023, le Gouvernement wallon a marqué son soutien au projet, notamment en ce qui concerne les aspects fonciers et de dépollution. Le 9 janvier 2024, la Ville de Charleroi a octroyé le permis unique pour la Zebrarena et ses abords. L’assainissement du site, pris en charge par la SPAQuE, est en cours.
En ce qui concerne la mobilité, afin d’assurer une accessibilité optimale au site, plusieurs aménagements sont prévus : réaménagement de la gare des bus/station de métro pour fluidifier les déplacements et favoriser le recours aux transports en commun, création d’espaces de stationnement (comprenant 1 060 places pour voitures dont 32 équipées de bornes de recharge électrique, 15 places pour autocars, 40 places pour motos et 150 places pour vélos), identification de parkings de délestage supplémentaires et mise en place de cheminements cyclo-piétons pour favoriser la mobilité douce.
Un groupe de travail dédié à la mobilité, réunissant le porteur du projet, la SNCB, l’OTW, la Ville de Charleroi, la police, le SPW Mobilité & Infrastructures et IGRETEC, se réunit régulièrement pour coordonner les actions permettant un accès optimal au site par tous les modes de transport.
Concernant l’actuel Stade du Pays de Charleroi, une réflexion sera bien entendu menée pour définir la meilleure affectation future du site, en lien avec le calendrier de relocalisation des activités du club dans sa nouvelle enceinte.
Je vous souhaite, Monsieur le Conseiller, une parfaite réception de ces éléments de réponse.
Les ultras du Sporting de Charleroi
Monsieur le Bourgmestre,
Le stade du Pays de Charleroi est bien moins ambiancé depuis l’absence des ultras dans son enceinte.
Comment ceux-ci sont-ils identifiés par la Police ? Quelle est votre latitude en matière d’interdiction de stade de supporters ?
Quels sont les liens contractuels qui unissent la Ville et le Sporting de Charleroi ? Dans quel cadre la Ville à « son mot à dire » ?
Quand pourrons-nous retrouver les ultras au stade ?
Je vous remercie pour votre réponse.
Bien à vous,
Benjamin Buyle
Réponse de DERMINE Thomas, Bourgmestre
Monsieur le Conseiller,
La situation des groupes ultras au sein du Stade du Pays de Charleroi doit être appréhendée dans un contexte plus large lié à l’usage massif d’engins pyrotechniques lors des rencontres de football. Face aux risques pour la sécurité et la santé publique, le ministère de l’Intérieur a renforcé la loi Football pour lutter contre l’usage d’engins pyrotechniques dans les stades. En réaction, certains groupes ultras ont intensifié
leur recours à ces dispositifs, mettant en danger les supporters et exposant le Sporting de Charleroi à de lourdes sanctions financières, avec 180.000 € d’amendes la saison précédente.
Les engins pyrotechniques, comme les feux de Bengale, atteignent des températures supérieures à 1000°C et sont parfois manipulés par des supporters sous influence, dans des tribunes bondées où les vêtements inflammables augmentent le risque d’accident.
Plus récemment, des dispositifs permettant des « tirs tendus » sont apparus, représentant une menace supplémentaire en étant utilisés comme projectiles incendiaires. Je vous invite à visionner une vidéo de sensibilisation sur la plateforme « YouTube », réalisée par le fan coaching de la Ville de CHARLEROI dénommée « LES FEUX DU STADE » pour mesurer l’étendue de la problématique du phénomène liée à la pyrotechnie (voir ci-dessous).
Malgré de nombreuses tentatives de sensibilisation et de dialogue avec les groupes ultras, l’introduction d’engins pyrotechniques dans le stade reste un problème majeur, d’autant plus qu’ils sont difficiles à détecter lors des contrôles et souvent utilisés anonymement par des supporters encagoulés.
À la suite des incidents graves, notamment lors du match du 11 janvier 2025 contre l’Union Saint-Gilloise, le Sporting de Charleroi a pris la décision d’interdire l’accès à certaines tribunes de groupes ultras responsables de ces débordements, en application de son règlement intérieur, jusqu’au 30 juin 2025. Il ne s’agit pas d’une interdiction de stade au sens de la loi Football mais bien d’une mesure prise par la Direction du club.
Qu’il s’agisse d’une interdiction de stade au sens de la loi ou d’une mesure d’interdiction entre le club et ses clients, la Ville et la police n’ont pas de latitude à cet égard.
L’identification des supporters impliqués repose sur l’exploitation des images de vidéosurveillance du stade, des séquences captées par des caméras mobiles ainsi que sur le travail de reconnaissance des spotters, policiers en civil chargés du suivi des groupes de supporters.
Une partie des membres du groupe concerné a contesté devant la justice la mesure d’exclusion prise à leur encontre par le club. Les plaidoiries ont eu lieu et le jugement est attendu.
Les relations entre la Ville de Charleroi et le Sporting reposent principalement sur l’exploitation du stade et la gestion des risques de troubles à l’ordre public. La recrudescence des troubles lors des matchs a nécessité une mobilisation accrue des forces de l’ordre, entraînant un coût significatif pour la collectivité.
Cette situation n’est pas viable et ne saurait se substituer à la prise de responsabilité des acteurs du football professionnel ainsi que des supporters. En tant que Bourgmestre et fier supporter des Zèbres, j’espère sincèrement que les mesures prises par le club permettront de rétablir un climat serein, propice à l’encouragement de notre équipe.
J’espère avoir pu apporter des éléments de réponse à vos interrogations.


