À Charleroi, on filtre les questions : une atteinte grave à la démocratie locale

Le 19 mai 2025, le Conseil communal de Charleroi a adopté une modification inquiétante de son Règlement d’Ordre Intérieur (ROI) : désormais, seules 40 questions écrites pourront être posées à chaque séance, pour l’ensemble des 51 conseillers communaux. Cette mesure marque un tournant dangereux pour la vitalité démocratique de notre ville.

Une atteinte directe au droit d’expression des élus

Poser des questions écrites est l’un des leviers essentiels du travail démocratique. C’est par ce biais que nous, conseillers communaux, pouvons interpeller le Collège, faire remonter les préoccupations des citoyens et demander des comptes sur les politiques locales.

Limiter ce droit revient à museler l’opposition. Ce quota global, sans répartition équitable entre groupes politiques, ouvre la porte à un filtrage politique des sujets abordés. Qui décidera des 40 questions « autorisées » ? Sur quels critères ? Dans quel esprit de transparence ?

Un précédent similaire déjà jugé illégal

Ce n’est pas la première fois qu’une majorité locale tente de restreindre le droit d’interpellation des élus. En avril dernier, le Ministre wallon des Pouvoirs locaux a rejeté une disposition similaire à Boussu, estimant qu’elle contrevenait au droit d’expression démocratique.

« Ce que la tutelle a refusé à Boussu, Charleroi ne peut l’imposer sans réaction. »

Le groupe MR-IC, sous l’impulsion de son chef de groupe Jean-Noël Gillard, mettra tout en oeuvre pour faire annuler cette disposition antidémocratique. Car à Charleroi, les élus doivent pouvoir poser des questions. Toutes les questions.

Des justifications peu convaincantes

La majorité justifie cette restriction par la charge de travail pour l’administration. Mais cet argument, souvent avancé, cache mal une volonté de contrôler la parole publique.

Plutôt que de réduire le droit d’interpellation, des alternatives existaient :

  • Prioriser les questions thématiques,
  • Adapter les délais de réponse,
  • Renforcer les services administratifs,
  • Utiliser des outils numériques pour traiter les demandes.

Aucune de ces pistes n’a été sérieusement envisagée. Pire : aucune concertation n’a été organisée avant cette décision. En démocratie locale, la concertation ne peut être un prétexte à géométrie variable.

Les citoyens méritent mieux

Derrière chaque question écrite, il y a un problème, un quartier, un citoyen. En limitant artificiellement le nombre de questions, la majorité ne freine pas les élus de l’opposition. Elle freine la voix des habitants.

Notre rôle est de porter vos préoccupations au Conseil.
Et nous continuerons à le faire, malgré les obstacles.

La démocratie ne se filtre pas. Elle s’exerce, pleinement.

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